Le recours au
flash-back est presque aussi vieux que le cinéma. Le premier à l’avoir imposé
est Marcel Carné dans Le Jour se lève (1939). Les rapports entre le passé et le
présent (mais aussi le futur avec le flash-forward) sont au cœur de bien des
films. Sans entrer dans une description trop technique, il faut savoir que les
théoriciens de l’image ont répertorié de nombreux types de flash-back (pour ceux que cela
intéresse, je renvoie à l’excellent livre de Yannick Mouren, Le Flash-back : analyse et histoire
aux Éditions Armand Colin/2005). Voici trois exemples de flash-back (la liste
n’est donc pas exhaustive) qui montrent que cette figure de style qui est
censée relancer l’action et préciser la psychologie des personnages, n’a cessé
d’évoluer.
1er
exemple classique/le flash-back mental avec zoom avant sur le personnage et
fondu enchaîné dans Le Jour se lève de Marcel Carné/1939. François (Jean Gabin)
revoit les événements de sa vie qui l’ont amené à commettre l’irréparable. Le
spectateur entre dans son intimité, dans sa mémoire. La superposition des deux
plans et l’ellipse temporelle permet au récit filmique d’ouvrir de nouvelles
perspectives.
2e
exemple encore plus classique/le flash-back toujours mental, en fondu enchaîné
seulement, dans Assurance sur la mort (Double Indemnity de Billy Wilder,1944).
Walter Neff (Fred MacMurray) enregistre une confession sur les événements qui
l’ont amené à être blessé à mort. Le fondu enchaîné passe d’un bureau, la nuit,
à une route de Glendale, une ville du comté de Los Angeles, sous le soleil
californien. La voix-off du narrateur omniscient accompagne ce déplacement
temporel de la structure dramatique du récit fait à la première personne. Le
film noir est bourré jusqu’à la gueule de ce type de procédé (Sunset Boulevard, The Killers …...). Classique
et efficace.
3e
exemple absolument génial/le flash-back dans la continuité narrative dans Lone
Star de John Sayles,1996. Voici véritablement une innovation de taille dans un
film totalement et intégralement sublime. Hollis (Clifton James), un shériff à
la retraite raconte des événements passés autour d’un plat de tortillas. La
séquence commence avec un travelling avant en plongée sur Hollis, ses mains
disparaissent et la caméra cadre le plat de tortillas; une autre main entre
dans le champ, soulève des tortillas et s’empare d’une liasse de dollars. La
caméra poursuit son mouvement pour présenter
le shériff corrompu, Charlie Wade (Kris Kristofferson), sauf que sans
coup férir et dans la plus parfaite continuité, l’action s’est transposée de
1996 à 1958. Le procédé sera repris plusieurs fois dans le film. Magistral.