lundi 15 février 2016

Ave César (Hail Caesar des frères Coen, 2016)


Les frères Coen ne sont pas les premiers à filmer Hollywood et ses coulisses. Billy Wilder (Sunset Boulevard, 1950), Vincente Minnelli (Les Ensorcelés, 1952) ou encore Robert Aldrich (Le Grand Couteau, 1955) avaient déjà trempé leurs caméras dans le vitriol pour décrire l’univers cynique, destructeur et égocentrique de l’usine à rêves californienne. La fratrie coenienne choisit son ton habituel, sarcastique, décalé, humoristique, mais néanmoins empreint de nostalgie vis-à-vis du classicisme hollywoodien des années 50, pour nous faire découvrir, à travers les yeux d’Eddie Mannix (Josh Brolin) le fonctionnement d’un grand studio de cinéma, le Capitol Pictures. Notre Eddie local, chef de production, est chargé de retrouver un acteur, Baird Whitlock (George Clooney joue un de ces imbéciles dont les frères Coen sont friands), kidnappé en plein tournage d’un péplum, par un groupe de scénaristes dont le dénominateur commun est d’être des communistes déclarés. (L’action se passe au début des années du maccarthysme (1950-1954)). Par extension, Eddie est une rustine qui doit colmater toutes les brèches qui donneraient une image désespérément normale à ces acteurs(trices) ; une comédienne célibataire qui a eu le tort de tomber enceinte ou  une starlette prise la main dans le sac devant l’objectif d’un appareil photo qui s’intéresse à autre chose qu’à sa peu probable notoriété. Eddie passe son temps à gérer les sensibilités des communautés religieuses, très attentives à la bonne adaptation de la Bible à l’écran, ou à calmer les ardeurs de la presse à scandale personnifiée par les sœurs Thacker (superbe Tilda Swinton qui incarne ici un double rôle) qui font immédiatement penser à Hedda Hopper, chroniqueuse venimeuse et  échotière redoutée à Hollywood. Notre pompier en chef passe donc son temps à arpenter les plateaux de tournage; péplum, western, comédie musicale (superbe numéro de claquettes effectué par une troupe de marins), mélodrame, ballets aquatiques (Scarlett Johansson et son costume de sirène font immanquablement penser à Esther Williams et ses chorégraphies nautiques). Tous les genres hollywoodiens par définition très codés sont passés en revue. Mais Eddie, tout à sa tâche, reste imperturbable. Dans le fond, rien d'autre ne l'intéresse et surtout pas l'argent. Il finit par rejeter une offre d’un cadre de la firme Lockheed Martin qui lui fait miroiter un contrat en or pour participer à un programme nucléaire. C’est donc tout un pan du cinéma américain retrouvé que les frères Coen, nostalgiques d’un âge d’or révolu, nous présentent (la séquence au cours de laquelle une monteuse - Frances McDormand - coince son foulard dans la table de montage est tout simplement désopilante). Mais au total, il s’agit néanmoins d’un Coen situé en deçà des attentes, très éloigné des œuvres marquantes du duo (Miller’s Crossing, Barton Fink, Fargo ou No Country for Old Men ….)


                                                                        George Clooney

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