Les frères Coen ne sont pas les premiers à filmer Hollywood
et ses coulisses. Billy Wilder (Sunset Boulevard, 1950), Vincente Minnelli (Les
Ensorcelés, 1952) ou encore Robert Aldrich (Le Grand Couteau, 1955) avaient déjà
trempé leurs caméras dans le vitriol pour décrire l’univers cynique,
destructeur et égocentrique de l’usine à rêves californienne. La fratrie coenienne
choisit son ton habituel, sarcastique, décalé, humoristique, mais néanmoins
empreint de nostalgie vis-à-vis du classicisme hollywoodien des années 50, pour
nous faire découvrir, à travers les yeux d’Eddie Mannix (Josh Brolin) le
fonctionnement d’un grand studio de cinéma, le Capitol Pictures. Notre Eddie
local, chef de production, est chargé de retrouver un acteur, Baird Whitlock
(George Clooney joue un de ces imbéciles dont les frères Coen sont friands),
kidnappé en plein tournage d’un péplum, par un groupe de scénaristes dont le
dénominateur commun est d’être des communistes déclarés. (L’action se passe au
début des années du maccarthysme (1950-1954)). Par extension, Eddie est une
rustine qui doit colmater toutes les brèches qui donneraient une image
désespérément normale à ces acteurs(trices) ; une comédienne célibataire qui a
eu le tort de tomber enceinte ou une
starlette prise la main dans le sac devant l’objectif d’un appareil photo qui
s’intéresse à autre chose qu’à sa peu probable notoriété. Eddie passe son temps
à gérer les sensibilités des communautés religieuses, très attentives à la
bonne adaptation de la Bible à l’écran, ou à calmer les ardeurs de la presse à
scandale personnifiée par les sœurs Thacker (superbe Tilda Swinton qui incarne
ici un double rôle) qui font immédiatement penser à Hedda Hopper, chroniqueuse
venimeuse et échotière redoutée à
Hollywood. Notre pompier en chef passe donc son temps à arpenter les plateaux
de tournage; péplum, western, comédie musicale (superbe numéro de claquettes
effectué par une troupe de marins), mélodrame, ballets aquatiques (Scarlett
Johansson et son costume de sirène font immanquablement penser à Esther
Williams et ses chorégraphies nautiques). Tous les genres hollywoodiens par
définition très codés sont passés en revue. Mais Eddie, tout à sa tâche, reste
imperturbable. Dans le fond, rien d'autre ne l'intéresse et surtout pas l'argent. Il finit par rejeter une offre d’un cadre de la firme Lockheed Martin
qui lui fait miroiter un contrat en or pour participer à un programme nucléaire.
C’est donc tout un pan du cinéma américain retrouvé que les frères Coen,
nostalgiques d’un âge d’or révolu, nous présentent (la séquence au cours de
laquelle une monteuse - Frances McDormand - coince son foulard dans la table de
montage est tout simplement désopilante). Mais au total, il s’agit néanmoins
d’un Coen situé en deçà des attentes, très éloigné des œuvres marquantes du duo (Miller’s
Crossing, Barton Fink, Fargo ou No Country for Old Men ….)
George Clooney
George Clooney
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