On le sait,
Hitler adorait le cinéma, et particulièrement américain. Le dictateur se
faisait projeter régulièrement des films à la Chancellerie du Reich à Berlin ou
à son nid d’aigle, le Berghof, sur les hauteurs de Berchtesgaden, dans les Alpes
bavaroises. Il adorait particulièrement Laurel et Hardy, Greta Garbo, les
dessins animés de Walt Disney, la Mort de
Siefried de Fritz Lang (1924) mais par contre, il trouvait Tarzan, The Ape Man (Tarzan, l’homme singe) de
W.S Van Dyke (1932) particulièrement mauvais (pas assez blond peut-être ?),
détestait Shangai de James Flood
(1935), - je ne sais pas s’il aimait ou non les westerns; dans le doute, osons
avancer qu’il ne les aimait pas, cela m’aurait dérangé de partager cette
passion avec lui ! - Mais ce qui est sûr et certain, c’est qu’il avait
compris la puissance de l’impact de l’image auprès des masses (c’est un autre
point qu’il partage avec Lénine, Staline et Mussolini). Il va pour cela confier
à Joseph Goebbels la direction de l’industrie cinématographique allemande et
faire de Leni Riefenstahl, sa cinéaste officielle.
Mais quel est le lien avec
Hollywood ? Le cœur du livre
évoque l’incroyable et injustifiable soumission des producteurs et des studios
hollywoodiens (Adolph Zukor pour la Paramount, Louis B.Mayer pour la Metro-Goldwyn-Mayer,
Harry Warner pour la Warner Bros., Carl Laemmle pour l’Universal ou encore
Harry Cohn pour la Columbia et William Fox pour la Twentieth Century Fox) au
diktat d’un consul et plénipotentiaire nazi installé à Los Angeles, Georg Gyssling. Ce dernier
jouait le rôle du censeur qui visionnait tous les films sortis des studios. Il
était impossible pour les metteurs en scène et les scénaristes de tourner ou
d’écrire sur des sujets qui déplaisaient aux nazis; les juifs, l’oppression des
peuples, les arrestations arbitraires, la suppression des libertés, l’injustice
….. Les producteurs s’autocensuraient – pire, supprimaient des scènes déjà
tournées pour plaire aux dirigeants
nazis - de peur de perdre le particulièrement juteux marché allemand, le
premier débouché cinématographique américain en Europe.
Pour satisfaire
le public allemand, Louis B. Mayer ira jusqu’à produire ce film incroyable
qu’est Gabriel over the White House
de Gregory La Cava (1933) avec Walter Huston dans le rôle du Président des États-Unis
qui se transforme en dictateur en dissolvant le Congrès. Ben Urwand nous dit
donc que le premier film fasciste
d’importance n’a pas été produit en Allemagne ou en Italie mais bien aux
États-Unis ! Le vent commença à tourner tardivement avec des films comme Confessions of a Nazi Spy (Les Aveux d’un Espion nazi) d’Anatole
Litvak (1939), The Mortal Storm (La tempête qui tue) de Frank Borzage (1940) et bien sûr surtout l’immense
The Great Dictator (Le Dictateur) de
Charlie Chaplin (1940) . Tous ces films - et le début de la guerre - permirent qu’on oublie les relations
commerciales entre les studios et l’Allemagne nazie depuis 1933. Bien que très
isolationniste, l’opinion publique commençait à être sensibilisée par ce qui se
passait en Europe. Mais il a fallu l’entrée en guerre des États-Unis en 1941,
pour faire basculer définitivement les studios. Désormais, Hollywood
produira massivement des films
patriotiques pour soutenir l’effort de guerre.
L’épilogue du
livre de Ben Urwand est particulièrement féroce en ce sens qu’il nous montre, après
la fin de la guerre en 1945, une dizaine de producteurs en visite en Allemagne et
particulièrement à Dachau. L’invitation émanait du général George Marshall.
Celui-ci souhaitait que les studios évoquent les dévastations et les atrocités
commises. En fait, seule la récupération du marché allemand intéressait ces nababs.
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