mardi 16 février 2016

L’Encyclopédie du Western de Patrick Brion aux Éditions Télémaque (2015)

Voici un objet au contenant et au contenu parfaitement faramineux. Le premier tome couvre la période de 1903 à 1955 et le second la période de 1956 à 2014. Ces 830 pages (!) et plus de 1100 films racontent, non pas tous les westerns américains et européens – il y en aurait plus de 8000, rien que pour les États-Unis – mais l’essentiel de ce  genre intimement lié à l’histoire de la conquête des États-Unis. C’est la première fois qu’un tel ouvrage voit le jour dans l’édition française. Alors que le genre est plus ou moins moribond, il est remarquable de constater que les livres sur le western abondent ces temps-ci. Deux dictionnaires, sortis de manière quasi-simultanée en 2015 (Le Petit dictionnaire du Western d’Alexandre Raveleau/Hors-Collection et le Dictionnaire du Western de Claude Aziza et Jean-Marie Texier/Vendémiaire), une monographie sur les Indiens dans le cinéma de John Ford (John Ford et les Indiens d’Arnaud Balvay et Nicolas Cabos/ Séguier 2015), une autre sur ces mêmes Indiens, mais cette fois-ci dans tous les westerns (Les Indiens dans le Western américain de Mathieu Lacoue-Labarthe/PUPS 2013),  montrent à l’évidence que le genre inspire toujours –et c’est tant mieux – de nombreux historiens. Après avoir contextualisé toutes les évolutions du genre, l’auteur ausculte, de manière chronologique, toutes les périodes, du muet (1903-1927) au western crépusculaire (1960-1990) en passant par l’âge d’or (années 30/50), sans oublier les derniers-nés du western contemporain comme The Lone Ranger (Gore Verbinski/2013), The Homesman (Tommy Lee Jones, 2014) ou encore le curieux The Salvation (Kristian Levring, 2014). S’immerger dans ces deux volumes équivaut à retrouver les poursuites infernales dans les canyons, les duels au milieu de la poussière de la  rue principale, les forts isolés et assiégés par les tribus indiennes, sans oublier les longues chevauchées d’un cavalier solitaire venu de par-delà l’horizon; c’est aussi retrouver des figures connues (John Wayne, Kirk Douglas, Joel McCrea, Fred MacMurray, Julie London, Jean Simmons, Grace Kelly ….), des réalisateurs de renom (John Ford, Howard Hawks, Bud Boetticher, Sam Peckinpah, Henry King, Richard Brooks …), des lieux emblématiques (Monument Valley, Alabama Hills, la Vallée de la mort, Alméria pour les westerns spaghetti) ou encore des thèmes (la loi et l’ordre, la conquête d’un espace, les convois de bétail, la justice, le massacre des Indiens ….). La lecture est un bonheur absolu. Le tout est richement illustré et chaque film a sa notice plus ou moins développée en fonction des préférences de Patrick Brion (le western spaghetti est manifestement une pièce rapportée, - je souscris – même si les films de Sergio Leone et Sergio Corbucci s’en tirent, justement, avec les honneurs). On trouve même dans le tome 2 un fac-similé du journal The Rapid City Daily Journal daté du 24 juillet 1955 décrivant le tournage de The Last Hunt (la Dernière Chasse de Richard Brooks/1956), tourné dans les Black Hills du Dakota du Sud. Bref, voici un livre qui est un incontournable pour tous les passionnés, brut, concentré, mariant avec élégance la réflexion à l'érudition. 

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