Dans Gun Crazy (Le Démon des armes, Joseph H. Lewis, 1950), Annie Laurie Starr (Peggy
Cummins) et Bart Tare (John Dall) sont un couple criminel d’un romantisme noir qui
s’inspire d’une autre paire d’outlaws;
Bonnie Elizabeth Parker et Clyde Barrow, gangsters ayant opéré dans le Midwest
étatsunien entre 1931 et 1934. Le scénario, adapté d'une nouvelle éponyme de MacKinley Kantor (écrit par Dalton Trumbo, non
crédité au générique en raison du maccarthysme qui l’avait placé sur une liste
noire) est tourné à cent à l’heure par Joseph H.Lewis, « à la vitesse ou Bart
arme le chien de son colt préféré » (1). À la suite d’un braquage, Annie
assassine, sans scrupules et totalement désinhibée, une secrétaire et un vigile
puis se lance avec Bart dans une fuite éperdue, traversant un abattoir rempli de
carcasses de bovins suspendues par des crochets au plafond. Cette exposition de
viande froide immobile dans un espace réfrigéré contraste avec l’incandescence de
la trajectoire des fuyards qui savent que la police est à leurs trousses. Mais cette échappée dans cet espace funèbre
n’est pas fortuite puisqu’elle préfigure déjà leur mort inévitable. Le noir et
blanc accentue la sécheresse de l’action, la nervosité de la mise en scène
associe dans une même spirale infernale Annie et Bart, ce duo violent et
mortifère. Déterminée, dominatrice,
avide de sensations fortes et prête à commettre les pires infamies, Annie, à
contre-courant de l’image convenue et traditionnelle de la femme, mène ce
couple, uni autant par le désir que par la fascination des armes à feu, au plus
profond de la nuit. Arthur Penn reprendra la même thématique en filmant son
Bonnie and Clyde en 1967.
(1) Dark City, le monde perdu du film noir d’Eddie Muller, Rivages Écrits
noirs, 2015, p. 354
Peggy Cummings
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