Après Guy
and Madeline on a Park Bench (2009) et Whiplash
(2014), Lala Land (2016) est le
troisième film de Damien Chazelle. Dans cette comédie musicale, Mia (Emma
Stone) rêve de devenir actrice à Hollywood et Sebastian (Ryan Gosling),
pianiste virtuose, aspire à ouvrir un club de jazz à Los Angeles. Un concours
de circonstances heureuses va amener les trajectoires de ces deux idéalistes à
se rencontrer. Pour déclarer sa flamme à l’autre, quoi de plus normal à Los
Angeles, que de se retrouver dans une salle de cinéma dans laquelle est projeté
le film de Nicholas Ray, La Fureur de
vivre (Rebel Without a Cause/1955).
En retard, Mia se place sur la scène devant l’écran pour chercher du regard
Sebastian. Celui-ci, à droite du cadre, se lève, les mains dans les poches, fixant
du regard celle qui vient de faire irruption dans sa vie. À l’instar de Jim
Stark (James Dean), que l’on a vu fugitivement sur l’écran de la salle, à
proximité de l’observatoire astronomique de la cité des anges, Mia et Sebastian
sont proches des étoiles de leurs toiles imaginaires. Mia est au premier plan,
sous les feux de la rampe, irradiée par la lumière du projecteur, fixé pour la
première fois, sur elle. La luminosité de l’écran de cinéma, hors-champ, permet
de bien définir, en contre-jour, sa silhouette, prise ainsi entre deux feux.
Mia est enfin dans cette lumière qu’elle cherche obstinément, mais reste
invisible aux yeux des spectateurs qui ne la remarquent pas. Sebastian, quant à
lui, est encore dans l’ombre. Il n’est pour l’instant qu’un pianiste de bar
cherchant, lui aussi, une échappée en guise d’entrée en scène. Alors que
les spectateurs regardent droit devant eux, hypnotisés par l’enchantement
qu’exerce sur eux le film projeté, le temps n’existe plus pour Mia et Sebastian.
La vie, le cinéma et la musique se conjuguent pour mener les amants vers
d’autres rivages, vers un ailleurs qui n’a plus de prise sur le réel et les
difficultés du quotidien auxquelles ils sont confrontés. La mise en abyme
romantique de la séquence souligne la naissance de leurs sentiments. Marchant
sur les traces de couples célèbres comme Fred Astaire et Ginger Rogers ou Judy Garland
et Gene Kelly, ce duo renoue avec les chorégraphies qui ont fait la gloire de
l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Suivez
la flotte (Follow the Fleet de
Mark Sandrich/1936), Un Américain à Paris
(An American in Paris de Vincente
Minnelli/1951) ou encore Chantons sous la
pluie (Singing in the Rain de
Stanley Donen/1952) vagabondent dans nos mémoires pour mieux renaître sous le
ciel étoilé de la nuit californienne.
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