« Il était une fois un petit village pauvre dans la
campagne française dont les habitants croyaient fermement à la tranquillité.
Dans ce village, chacun connaissait son rôle dans l'ordre des choses, chacun
comprenait ce que l'on attendait de lui ». C'est par ces mots que s'ouvre ce
conte aussi humaniste que culinaire. « Portés par le vent du Nord », deux
chaperons rouges, Vianne Rocher (Juliette Binoche, à droite du photogramme)) et
sa fille de six ans Anouk (Victoire Thivisol), s'arrêtent dans le village de Lansquenet
pour y louer une ancienne pâtisserie tombée en désuétude, et ouvrir – en plein
carême - une chocolaterie, un commerce donc exclusivement dédié à la fève de
cacao et à ses dérivés. Que ce soit sous la forme de chocolat chaud, de
mignardises à la noix de coco, de gâteaux chocolatés, de truffes aux noix ou
que le chocolat soit noir, au lait ou blanc, recouvert de pralin, de caramel ou
de grains d'épice concassés, ces confiseries vont bouleverser la vie des
villageois engoncés dans un conformisme puritain et dans une morale fossilisée
par l'emprise patriarcale et réactionnaire d'un potentat local, le comte de
Reynaud (Alfred Molina). En effet, tout ce chocolat va s'avérer être un puissant
facteur d'émancipation, un révélateur de désirs réprimés, particulièrement pour
Joséphine (Lena Olin, à gauche du photogramme), une femme battue trouvant dans
les vertus gustatives du chocolat la force de quitter son mari brutal et
vindicatif. Les deux chocolatières vont désormais unir leurs forces, avec une
telle concentration, une telle passion commune, que d'autres habitants n'auront
d'autre choix que d'y succomber, au grand dam du comte de Reynaud qui voit dans
ces femmes libérées et indépendantes une menace directe à son autorité. Penchée
au-dessus d'une plaque de papier sulfurisé, Joséphine, toute souriante, tord à
deux mains une poche à pâtisserie pour mouler, sous l'œil amusé de Vianne (à
droite du photogramme), des mignardises en chocolat. Ce rituel accompli dans la
cuisine et à l'abri des regards confine au sacré, mélange la dextérité, la vue,
l'odorat et le goût pour charmer leurs sens gustatif et olfactif…... et le
nôtre. Non content de faire du chocolat un hymne au plaisir en transformant peu
à peu les villageois en fins gourmets de plus en plus rétifs à l'autocrate
local, Lasse Hallström dans Le Chocolat (2001) nous immerge dans la
dimension divine et historique du cacaoyer nommé en 1727 Theobroma cacao
ou « nourriture des dieux » par le naturaliste suédois Carl von Linné. Déjà « chez
les Aztèques, on raconte que le dieu Quetzalcoatl aurait voler un cacaoyer au
paradis et en fit cadeau à la femme, afin qu'elle prépare un breuvage
susceptible de rendre sage et intelligent[1].
Reprenant la dimension thérapeutique et aphrodisiaque du cacao - Moctezuma,
l'empereur aztèque ne buvait-il pas 50 tasses de cacao pour satisfaire ses
nombreuses concubines[2]?
- Vianne et Joséphine conjuguent l'hédonisme à l'épicurisme tout en refusant de
faire la fine bouche pour faire disparaître tous les préjugés et autres
bigoteries de ce monde.
dimanche 22 août 2021
Le chocolat chez Lasse Hallström
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