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Manifestement aussi à l'aise dans ses déplacements dans
les coursives des astronefs que dans leurs compartiments inondés, le très
célèbre xénomorphe montre une fois encore toute son adaptabilité face aux défis
qui lui sont posés par des équipages plus ou moins désorientés qui ne cessent
de se trouver sur sa route. Dans l'opus 4 de la série, Alien: la
Résurrection (Alien: Resurrection, Jean-Pierre Jeunet, 1997), le lieutenant
Ripley (ou plutôt son clone[1])
et son équipage tentent – comme ils en ont l'habitude désormais – de fuir ce
prédateur ultime tout en cherchant le meilleur moyen pour le détruire[2].
Une fois n'est pas coutume, Ripley et
ses compagnons viennent de plonger dans la partie inférieure inondée du
vaisseau spatial Auriga en détresse pour rejoindre un ascenseur qui devrait
leur permettre de gagner un pont supérieur. Tout en nageant, en se retournant
de temps à autre pour scruter leurs arrières, inquiets, ils progressent au
milieu des restes de ce qui fut une cuisine (photogramme 1): assiettes,
plateaux, mobilier renversé, tout cela git sur le sol ou flotte dans ce milieu
liquide coloré de bleu, que réverbère à peine la lumière de quelques néons
encore miraculeusement allumés (photogramme 3). Mais leurs regards se figent soudainement
en voyant, surgissant de la semi-obscurité aqueuse, deux aliens se diriger vers
eux, lancés comme des torpilles, les membres bien alignés contre leurs corps, propulsés
par leurs queues puissantes (photogramme 2).
L'irruption vient toujours de l'obscurité et le xénomorphe n'a pas son
pareil pour apparaître dans son élément à tout instant. Si l'alien se déplace
habituellement sur ses quatre membres, la structure confinée des vaisseaux
spatiaux ne lui laisse guère d'espace pour tester sur une longue distance ses
capacités de vélocité, alors même qu'il est doté d'un vrai talent d'acrobate puisqu'il
est capable de grimper aux murs ou de s'accrocher aux plafonds. Très à l'aise
dans les moindres recoins des coursives obscures où son immobilisme est
inversement proportionnel à la soudaineté de son attaque, il est aussi doté
d'homotypie, se confondant avec son environnement et particulièrement avec les
conduits de ventilation. Aussi ne pouvait-il être que totalement ravi et à
l'aise dans ce monde sous-marin dans lequel il s'avère être un redoutable nageur,
extrêmement mobile, capable de respirer l'oxygène dissout dans l'eau et de se
mouvoir cette fois-ci sans grande discrétion, heureux de traquer Ripley, sa
meilleure ennemie. Le monstre est désormais proche (photogramme 3). La
morphologie biomécanique de cet exterminateur implacable composée d'une tête en
forme de dôme, aussi lisse que du verglas, d'une mâchoire d'acier prête à s'ouvrir
et d'un corps humanoïde doté dans son dos de quatre appendices en forme de
tuyaux, sans parler de sa longue queue déjà citée, est encore plus terrifiante
sous l'eau en raison de la fragilité des fuyards qui ne sont pas, eux, dans
leur élément naturel. Ralentissant sa course, se repliant sur elle-même, et mue
par un instinct féroce, cette masse noire occupe le tiers droit du cadre laissant
ainsi assez d'espace à gauche pour lui permettre de se projeter sur sa victime.
En dépit du lieu, l'alien ne tue pas pour se nourrir, mais chasse toute forme
vivante, autre que la sienne, pour s'en servir comme hôte et permettre ainsi
d'assurer sa reproduction. Sous l'eau, alors que les sons sont atténués, la
terreur apparaît encore plus inexprimable et redouble davantage encore la
citation du premier opus de Ridley Scott, « Dans l'espace personne ne vous
entendra crier ».
[1]
Ripley s'est suicidée à la fin d'Alien
3 (David Fincher, 1992), pour tuer l'alien qu'elle portait en elle. Des
scientifiques décident de la cloner à partir d'échantillons de son ADN pour
récupérer le xénomorphe.
[2] C'est le canevas immuable de toute la
série mais dont la matrice (Alien, Ridley Scott, 1979) reste
indépassable.
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