Barabbas (1961), sorti deux ans après Ben-Hur (William Wyler, 1959), permet à Jack Palance d’incarner l'un
de ses plus grands rôles. Dirigé de main de maître par Richard Fleischer, il
incarne Torvald, un gladiateur halluciné, ivre de violence et de sang, jouissant du spectacle de la mort qu’il
inflige à tous ses adversaires dans l’arène du Colisée à Rome. Pourtant, cette
fois-ci, opposé à Barabbas (Anthony Quinn, hors-champ), l’invincible gladiateur
perd de sa superbe. Son opposant, uniquement armé d’une lance et à pied,
esquive l’affrontement, provoquant l’hilarité de la foule au détriment de Torvald. Face à ces spectateurs
moqueurs et vociférants, celui-ci vient d’enlever son casque, bien décidé à
trancher la gorge de l’impudent qui a osé remettre en cause sa présumée
supériorité. Juché sur son char, tenant
fermement de sa main gauche les rênes de ses chevaux et de sa main droite le
filet du rétiaire posé sur son épaule, il s’apprête à lancer l’assaut final. Ses
yeux, brillant d’une joie extatique et mauvaise, éclairent un visage animé d’un
rictus carnassier pour exprimer toute la sauvagerie névrotique de celui qui
perd pied mais qui n’a jamais été aussi dangereux. Les tics nerveux qui agitent
son corps longiligne matérialisent une personnalité trouble que le physique de
Jack Palance sert à merveille. Avec ses pommettes saillantes, ses yeux
profonds, et les contours de son visage taillé à la serpe (la légende
hollywoodienne dit que cette physionomie est héritée de sa pratique de la boxe,
d’un accident d’avion pendant la Seconde Guerre mondiale et d’une
reconstruction chirurgicale), l’acteur est littéralement possédé par ce rôle
qui renvoie à ceux qu’il a déjà
interprétés: Blackie, le truand dans Panique
dans la rue (Panic in the Streets,
Elia Kazan, 1950), Toriano, l’Apache rebelle du Sorcier du Rio Grande (Arrowhead,
Charles Marquis Warren, 1953) ou encore le lieutenant Joe Costa dans Attaque (Attack, Robert Aldrich, 1956). Mais dans l’arène romaine dont le
sable s’est gorgé du sang de ceux qui n’ont pas eu l’intelligence tactique de
Barabbas,Torvald est seul, submergé par son hubris et son incapacité à imaginer
qu’il puisse être terrassé et offert en victime à la vindicte d’une foule qui
rejette les vaincus, prête à brûler
celui qu’elle a adoré pendant des années, et qui n’attend que le moment ou elle
pourra, unanimement, pointer le pouce vers le bas pour signifier sa mise à
mort. Alors que les spectateurs viennent de se lever, Torvald s’élance en
ricanant et en fouettant violemment le dos de ses chevaux subitement affolés et
cabrés. Projeté en avant, son char bondit dans une charge irrésistible. Son
conducteur est à ce moment quelque chose de plus qu’un gladiateur. Il
représente une force primitive et bestiale, un défi brutal au voyeurisme
morbide de la foule dont la clameur résonne rageusement dans l’arène.
Bonjour
RépondreEffaceron me soutient que Jack Palance joue le méchant qui conduit le char aux roues dentelées dans le Ben Hur de Wyler. Confirmez-vous ?
Merci
Bonjour à vous,
EffacerDésolé de vous répondre avec autant de délai mais je n'étais plus allé sur mon blog depuis très longtemps. C'est Stephen Boyd qui joue le méchant dans le Ben-Hur de Wyler et non Jack Palance.
Bien à vous