mardi 1 mars 2016

L’espace intime chez John Ford



Voici deux plans qui ouvrent et ferment la Prisonnière du désert (The Searchers de John Ford,1956) que vénèrent tous les Fordiens de la Terre. En-haut, une femme, Martha (Dorothy Jordan), ouvre une porte sur un espace désertique (Monument Valley en Utah pour les intimes). En-bas, un autre encadrement de porte fige Ethan Edwards (John Wayne) dans une posture (la main gauche tenant le coude du bras droit) qui rend directement hommage à un acteur très populaire dans les années 20 et qui faisait l’admiration du Duke, Harry Carey. Chacun regarde dans une direction opposée. Entre ces deux plans, un film qui est régulièrement cité parmi les œuvres marquantes du 7e art. Dans les deux cas, la caméra est à l’intérieur de la maison. La centralité des personnages bloque en partie notre vision (particulièrement en ce qui concerne Martha), mettant l’accent sur l’importance des protagonistes. La lumière de l’extérieur contraste fortement avec la pénombre de l’intérieur pour mieux découper les corps. Martha passe d’un espace intime à une immensité désertique, Ethan, lui, reste statufié à l’extérieur de cet espace familial (précisons tout de même que la maison n’est pas la même), même si la partie de son ombre qui est déjà à l’intérieur contredit son attitude. Alors que les deux personnages sont à ce moment immobiles, la profondeur de champ isole davantage Ethan, comme s’il faisait partie intégrante du désert visible dans son dos. Les portes forment enfin, un cadre dans le cadre qui masque deux hors-champs (tout ce qui est suggéré par les regards, mais que ne voit pas le spectateur) qui donnent en grand partie les clés de l’histoire.



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