L’espace intime chez John Ford
Voici deux
plans qui ouvrent et ferment la
Prisonnière du désert (The Searchers
de John Ford,1956) que vénèrent tous les Fordiens de la Terre. En-haut, une
femme, Martha (Dorothy Jordan), ouvre une porte sur un espace désertique
(Monument Valley en Utah pour les intimes). En-bas, un autre encadrement de
porte fige Ethan Edwards (John Wayne) dans une posture (la main gauche tenant
le coude du bras droit) qui rend directement hommage à un acteur très populaire
dans les années 20 et qui faisait l’admiration du Duke, Harry Carey. Chacun
regarde dans une direction opposée. Entre ces deux plans, un film qui est
régulièrement cité parmi les œuvres marquantes du 7e art. Dans les
deux cas, la caméra est à l’intérieur de la maison. La centralité des
personnages bloque en partie notre vision (particulièrement en ce qui concerne
Martha), mettant l’accent sur l’importance des protagonistes. La lumière de
l’extérieur contraste fortement avec la pénombre de l’intérieur pour mieux
découper les corps. Martha passe d’un espace intime à une immensité désertique,
Ethan, lui, reste statufié à l’extérieur de cet espace familial (précisons tout
de même que la maison n’est pas la même), même si la partie de son ombre qui
est déjà à l’intérieur contredit son attitude. Alors que les deux personnages
sont à ce moment immobiles, la profondeur de champ isole davantage Ethan, comme
s’il faisait partie intégrante du désert visible dans son dos. Les portes
forment enfin, un cadre dans le cadre qui masque deux hors-champs (tout ce qui
est suggéré par les regards, mais que ne voit pas le spectateur) qui donnent en
grand partie les clés de l’histoire.
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