Le
massacre final de La Horde sauvage (The Wild Bunch, 1969) est resté comme le
point d’orgue de ce film plus grand que nature, le meilleur peut-être de Sam
Peckinpah. Pike Bischop (William Holden), un hors-la-loi et ses trois compagnons se retrouvent au Mexique
face à leur ancien employeur, le général Mapache (Emilio Fernandez). Ils
souhaitent récupérer un quatrième complice,
Angel (Jaime Sanchez) préalablement capturé par le dictateur mexicain.
Ce dernier le met à mort sous les yeux des Américains. Et l’apocalypse se
déclenche. La séquence, particulièrement violente, condense toutes les
thématiques de Peckinpah: des perdants magnifiques qui savent qu’ils sont
devenus anachroniques dans un Mexique en pleine mutation (l’action se passe en
1913 pendant la révolution mexicaine), la mort de l’Ouest (la conquête de
l’espace étatsunien est terminée depuis 1890 et tout retour au nord du Rio
Grande devient impossible), la violence, non pas comme fin en soi, mais
représentative du monde dans lequel les hors-la-loi ont vécu (ils ont vécu par le
sang, ils mourront dans un dernier bain de sang). Peckinpah, lui-même affirmait
qu’il voulait faire de ce fim, une allégorie de la guerre du Vietnam alors en
cours: le Mexique, à l’instar du Vietnam, n’est alors qu’un poste avancé de
l’impérialisme américain. Le photogramme présente deux des quatre mercenaires, deux
frères, Lyle Gorch (Warren Oates, à droite) et Tector Gorch (Ben Johnson), qui
sort littéralement du cadre. La furie meurtrière est à son paroxysme. Lyle
s’empare, totalement extatique et hurlant, d’une mitrailleuse et tire en
rafales continues sur toute l’armée mexicaine qui menace de le submerger. Cette
arme infernale montre bien que le monde est désormais entré dans l’ère
industrielle. Avec sa mitrailleuse qui crache la mort et déchire les corps,
Lyle inspire autant la fascination glaçante que la répulsion. Déjà blessé, il
tourne le dos à un mur d’adobe criblé d’impacts de balles. Son frère, Hector, vient
d’être touché à son tour et ne tardera pas à succomber à ce maelstrom de feu et
de sang. Ils sont tous les deux acculés
dans un coin de la bâtisse ce qui accentue le caractère désespéré de leur suicide,
véritable immolation sur l’autel d’une descente vers l’abîme. Ben Johnson est
un acteur qui résume à lui tout seul l’évolution du western vers plus de
réalisme: souvent employé par John Ford dans des rôles de cow-boy ou de
militaire positifs (La Charge Héroïque/She Wore a Yellow Ribbon, 1949 ou Le
Convoi des braves/Wagon Master, 1950), il finira par incarner, en
vieillissant, des hommes de l’Ouest plus fiévreux (La Vengeance aux deux visages/One Eyed Jacks de Marlon Brando en 1961) et plus violents (Major Dundee de Sam Peckinpah déjà en 1965).
Pike Bishop (William Holden), un autre membre de la Horde sauvage
Pike Bishop (William Holden), un autre membre de la Horde sauvage
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