dimanche 6 mars 2016

La mort chez Richard Fleischer


Soleil vert (Soylent green) est un film de science-fiction réalisé par Richard Fleischer en 1973. Il raconte ce qu’est devenue la Terre en 2022: surpopulation, réchauffement climatique, inégalités sociales vertigineuses, disparition de la faune et de la flore, rareté de l’eau …. un cauchemar que notre personnage Sol (Edward G. Robinson dans son dernier rôle) a décidé de quitter en choisissant une euthanasie, un suicide assisté qui ne dit pas son nom. Il est couché sur un lit après avoir bu, en toute conscience, une mixture empoisonnée, qui lui laisse néanmoins le temps de voir, pendant quelques minutes, ce qu’a été le monde d’avant, ultime récompense d’un monde devenu dystopique. Défile alors devant lui un spectacle grandiose de paysages en fleurs, d’animaux, de soleils couchants, d’envols d’oiseaux, de rivières à l’eau pure, de mers poissonneuses. Sur fond de musique classique – la Sixième symphonie  de Tchaïkowsky et la Sixième symphonie de Beethoven - Sol n’est plus qu’un petit point, déjà enveloppé dans son linceul,  perdu dans cette nature qui l’entoure. Son regard, tour à tour triste et fasciné, est doublé par le nôtre, et tous deux (tous trois en fait, puisqu'un autre personnage, Thorn - Charlton Heston - vient s’immiscer, derrière une baie vitrée, dans cette intimité mortuaire) restent pétrifiés devant ces images d’un paradis perdu. Tout à notre éblouissement devant ce spectacle, nous oublions que cette évocation d'un passé pas si lointain, n’est que le prélude de la mise à mort de Sol, devenu inutile pour cette société prédatrice (la séquence est d’autant plus forte qu’Edward G. Robinson était à ce moment malade. Il mourra peu de temps après la fin du film). À travers le décès de Sol, Richard Fleischer filme la disparition d’une civilisation  avec comme corollaire, la condamnation âpre d'une modernité dévoyée qui, pour exister, a besoin de tuer l'homme. Ces préoccupations étaient caractéristiques des années 70. Elles le sont toujours.



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