Michael Cimino est un de mes cinéastes préférés. Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter, 1978) et La Porte du paradis (Heaven’s Gate, 1980) sont deux chefs-d’œuvre absolus. Son dernier film date de 1996 (Sunchaser) et depuis plus rien. Cimino est l’incarnation de l’ostracisme dans lequel l’industrie hollywoodienne maintient cet immense artiste à la suite de l’échec financier colossal de La Porte du paradis. Voilà une injustice et un gâchis stratosphériques qui laissent pantois.
Ce plan extrait
de Voyage au bout de l’enfer montre Mike
Vronsky (Robert De Niro) arpenter la montagne, à l’aube, pour chasser le cerf,
quelque part dans les Appalaches. C’est Vilmos Zsimond, le directeur de la
photographie de Michael Cimino qui cadre Mike, de retour du Vietnam cherchant à
se ressourcer au contact de la nature, après son expérience traumatisante et mortifère vécue
dans le Sud-Est asiatique. Le chasseur, son fusil en bandoulière, est seul; il
marche à grandes enjambées de manière déterminée. Son double se reflète dans le
miroir du lac. Il fait corps avec la nature, sort littéralement de la couverture
nuageuse mais semble écrasé par la majestuosité du lieu. L’amplitude des
échelles (l’infiniment grand et l’infiniment petit) souligne l’arrogance
humaine à vouloir dompter cet espace. Face à cette nature immuable qui le
submerge (et qui rappelle l’espace chez Anthony Mann), Mike apparaît finalement
fragile et désorienté. Il chevauche les
cimes rocheuses une dernière fois à la recherche d’un passé qu’il ne retrouvera
plus. Le Vietnam l’a définitivement changé.
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