Dans un saloon, les
hommes de l’Ouest boivent de l’alcool et règlent leurs comptes. Cette évidence
– ce cliché propre au genre – est mise en scène de manière éclatante dans Rio Bravo de Howard Hawks (1959). Dude
(Dean Martin) est l’assistant du shérif John T. Chance (John Wayne). Devenu
alcoolique à la suite d’une déception amoureuse, il tente de remonter la pente
et de regagner sa fierté perdue ainsi que l’estime sinon le respect de ses compagnons
Chance et Stumpy (Walter Brennan). À la poursuite d’un meurtrier s’étant réfugié
dans ce saloon, Dude, sous la protection de Chance, mène son enquête auprès des
gunmen qui y sont attablés. Dude sait
que le meurtrier est blessé à la jambe et que ses bottes sont maculées de boue.
Mais aucun des occupants du saloon ne répond à ces critères ……
Dans ce
plan, Dude est sur le point de battre piteusement en retraite, sous les
quolibets du groupe de malfrats susmentionné. Sa tenue le ramène à son statut
d’alcoolique; sa veste est élimée et cache mal
un sous-vêtement jaunâtre tout aussi informe. Son stetson est défraîchi et
accompagne cet ensemble vestimentaire
plutôt négligé. Seule l’étoile de shérif qu’il porte sur le côté gauche,
lui donne un semblant d’autorité. Mais en longeant le comptoir, son regard est
soudainement attiré par des gouttes de sang qui tombent dans un verre de bière. Des coulées
rouges suintent imperceptiblement le long du verre pour se mélanger à cette
boisson inséparable – après le whisky - du gosier asséché de tous les outlaws
qui se respectent. Aussi vif que l’éclair, Dude pivote sur lui-même tout
en dégainant et abat le meurtrier qui avait trouvé refuge sur un balcon du
saloon. Pour Dude, la révélation de l’énigme dans l’alcool est désormais la
première étape de sa réhabilitation.
Le saloon est quasiment
présent dans tous les westerns. C’est un espace emblématique puisqu’il est
d’abord et avant tout un lieu de passage, un espace public – avec l’église -, un
pivot autour duquel gravite une faune plus ou moins recommandable. Il permet
aux cavaliers qui ont sillonné les pistes de se reposer avant de reprendre la
route. On y boit, on s’y bat à coup de poing, on s’y amuse, on y gagne de
l’argent au poker, on y rencontre des entraîneuses/prostituées, la grande salle
peut accessoirement se transformer en bureau électoral (L’Homme qui tua Liberty Valance/The Man Who Shot Liberty Valance de John Ford, 1962) ou en salle
d’opération (Open Range de Kevin
Costner, 2003) et on y règle souvent ses comptes à coups de revolver. Dans Rio
Bravo, le saloon est tenu par l’homme le plus puissant de la région, Nathan
Burdette (John Russel). C’est là qu’il rassemble ses hommes pour ourdir un plan destiné à délivrer son frère Joe, emprisonné pour meurtre par John T. Chance. Mais
c’est sans compter la ténacité et le désir de revanche sur lui-même de Dude. Rio Bravo est un très grand western.
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