Les quarante-cinq premières
minutes des Sept Mercenaires (The Magnificent Seven de John
Sturges/1960) sont utilisées pour présenter à tour de rôle les sept
protagonistes du film; Chris (Yul Brynner), Vin (Steve McQueen), Bernardo
(Charles Bronson), Chico (Horst Buchholz), Lee (Robert Vaughn), Harry Luck
(Brad Dexter) et le dernier qui nous intéresse ici, Britt (James Coburn).
Celui-ci est bien tranquillement adossé à une barrière en bois, profitant de
l’ombre de ses lames pour faire une petite sieste réparatrice après un repas
dont les restes sont bien visibles dans l’assiette qui se trouve à côté de sa
jambe droite. À sa gauche, une selle avec un lasso mais sans le cheval,
probablement parqué dans un corral à proximité. À l’arrière-plan et pour
compléter le tableau un autre «cheval», mais celui-ci de fer, barre l’horizon
que l’on perçoit à peine au-delà de la locomotive. Ce train, symbole d’un Ouest
en mutation, sert en fait d’estrade aux deux mécaniciens de la cabine de
conduite, spectateurs décontractés de la scène qui est en train de se dérouler
sous leurs yeux. Un dénommé Wallace, à la trogne immédiatement identifiable
puisqu’il s’agit de l’acteur Robert J. Wilke - qui a, à son actif, autant de
westerns qu’il y a de médailles sur l’uniforme d’un officier de l’ex-armée
soviétique – est en train d’apostropher notre dormeur. Persuadé qu’il est plus
rapide au colt que Britt au couteau, l’inconscient ose défier celui qui ne
demande rien d’autre - avec tout le flegme qui caractérise le jeu de James Coburn - que de jouir d’un
moment de quiétude. Les mains agrippées à son gilet et solidement campé sur ses
deux jambes, le cow-boy provoque donc Britt en duel. Le western n’ayant jamais
présenté cette figure de style qu’est le duel dont l’un des protagonistes est sur
le point de tomber en phase de sommeil très profond, Britt, faisant contre mauvaise
fortune, bon coeur est contraint de se lever pour faire taire l’impénitent. Le
moment qui suit est entré dans la légende du genre. Peu loquace, voire taiseux,
mais terriblement concentré, Britt, lance à une vitesse foudroyante son couteau
dans la poitrine de son adversaire qui s’effondre dans la poussière. Le lancer
de couteau est extrêmement rare dans ce genre très codifié qu’est le western,
probablement en raison de la liturgie du duel aux colts qui y est particulièrement
prégnante. Outre Britt, le jeune Mississippi (James Caan) dans El Dorado de Howard Hawks (1966) et
Alias (Bob Dylan) dans Pat Garrett et Billy
The Kid de Sam Peckinpah (1973) ont l’occasion d’exercer leur talent
artisanal face à l’adversité. La résolution des tensions s’est donc enrichie
d’un geste mais le fatum, tué ou être tué, reste toujours identique.
De gauche à droite: Yul Brynner, Steve McQueen, Horst Buchholz, Charles Bronson, Robert Vaughn, Brad Dexter et James Coburn
Aucun commentaire:
Publier un commentaire